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vous m’adressez intéresse mon cœur, autant que le vôtre. Je vois que vous êtes indignée comme moi, de l’imputation calomnieuse contre J. J. Rousseau dont M. d’Alembert a osé profaner l’Eloge prétendu, d’un homme digne en effet de tous les éloges, mais au-dessus de ceux que M. d’Alembert peut lui donner. J’ignore si M. d’Alembert a dans son Eloge étayé son accusation contre Jean-Jaques, de quelques témoignages plus probans que le sien ; ou s’il s’est flatté que sa simple assertion auroit en Europe le même poids qu’elle peut avoir dans quelques cercles de Paris : je sais seulement que M. d’Alembert, avant de publier son Eloge, avoit dans des conversations de société, cherché à accréditer son accusation contre Rousseau en s’étayant d’un secrétaire de Lord Maréchal. Or ce secrétaire ne peut être que le sieur Junod mort depuis quelques années. Sans doute que M. d’Alembert ne cite le témoignage d’un mort, contre un mort, qu’appuyé de preuves par écrit, ou incontestables. En attendant qu’il les produise, comme il y est appellé par l’honneur, s’il en a encore un germe, je vais, Madame, mettre sous vos yeux les éclaircissemens que vous me demandez : ceux du moins que je me suis mis en état de vous fournir aujourd’hui. J’ai compulsé une centaine de lettres toutes originales, écrites de la main du Lord Maréchal ; dont les deux tiers adressées à Jean-Jaques, depuis Juillet 1762 à Octobre 1765, époque du départ de celui - ci pour passer en Angleterre. Les autres me sont adressées depuis Juin 1765 à Juin 1767. Vous ne recevrez cet ordinaire que les extraits de quelques unes des premieres qui vous apprendront en