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REPONSE DE M. FRÉRON.

MADAME,

Si étois admis dans la confidence du messager des Dieux de Encyclopédie, il me seroit facile de résoudre le problème que vous me faites l’honneur de me proposer. Mais j’ignore absolument ce qui se passe dans le palais de Mercure, & ce qui se fabrique dans ses sorges. Le cyclope qui a martelé l’avis dont vous vous plaignez, avec tant de raison, a pris soin lui-même de se dérober à votre vengeance, en se couvrant du manteau de l’anonyme. Comment donc vous livrer le coupable ? Mes incertitudes sont égales aux vôtres. Mais ce qui me paroît prouvé d’après votre lettre, c’est qu’on auroit le plus grand tort d’attribuer un pareil avis à M. le Marquis de Gérardin. Vous raisonnemens sont faits pour dissiper tous les soupçons à cet égard.

N’en doutez nullement, Madame, l’avis en question est l’ouvrage d’un ennemi de Rousseau, ou d’une plume vendue à ses ennemis, d’autant plus cruels, qu’en le couvrant de blessures, ils feignent de caresser son ombre. Si c’étoit un ami de Rousseau qui eut publié cet avis, lui auroit-il fait les reproches que vous relevez avec tant de force dans cette lettre ? Auroit-il choisi pour cela le moment où son ami est à peine descendu dans le tombeau ? Auroit-il livré cet avis à l’impression, sans le communiquer à des gens de lettres liés