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subalternes donnent pour être de lui ? Ce genre est si facile, & la prose de M. de Voltaire est si aisée à imiter ! Cette opinion est injuste : elle est même dangereuse : car elle peut enrager les Auteurs encore plus vils qu’obscurs, qui se plaisent à dégrader aux yeux du public, deux hommes fameux, un par son esprit & ses prospérités, l’autre par son génie & ses malheurs, qui partagent, quoiqu’inégalement, ses suffrages. Pour moi, je pense avoir de très-bonnes raisons pour croire que M. de Voltaire n’est point l’auteur de la lettre intitulée : le Docteur Jean-Jaques Pansophe.

1°. Elle a paru sous son nom.

2°. On y relève des prétendues contradictions de Jean-Jaques. M. de Voltaire relever des contradictions ! Ah ! Monsieur, peut-on le croire, sans s’écarter de l’opinion, sans doute appuyée sur des faits, qu’on a généralement de sa prudence ?

3°. On y l’accuse Jean-Jaques des vices les plus atroces ; & on l’en plaisante, comme on pourroit plaisanter M. de Voltaire d’une erreur d’histoire, de chronologie, de géographie, &c. &c. En pareil cas le ton léger n’est pas celui de l’amour de la vertu : & M. de Voltaire veut qu’on croye qu’il aime la vertu.

4°.Cette lettre contient quelques platitudes, & des écarts d’imagination que M. de Voltaire pourroit se permettre au milieu de ses protégés ; mais qu’il se garderoit bien de donner sous son nom au public : car puisque M. de Voltaire écrit encore, il veut encore être admiré.

5°. On a inséré dans cette lettre quelques phrases qui se