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l’étoit des chrétiens ; encore Pline l’eût-il reconnu pour maître, sous les noms de prince, de pere & de tout ce qu’il y a de plus honnête & de plus doux. M. R. joue sur les mots quand il veut. Tout son discours n’est qu’un jeu de mots, pour éluder celui de l’inégalité des conditions qui n’est pas un jeu pour lui.

Tout le raisonnement de M. R. va ici à absoudre les peuples du serment de fidélité toutes les fois qu’ils croiront que leur prince ne les gouverne pas selon les loix, c’est-à-dire, à leur fantaisie. Car, selon lui, les loix sont à la fantaisie du peuple, & il a seul tout le droit de législation, sous prétexte qu’à l’origine de tout c’est lui qui s’est donné un législateur. Mais s’il se l’est donné, s’il lui a conféré la législation, il ne l’a donc plus lui-même, non plus qu’un donateur a droit sur la terre dont il a donné à un autre le domaine absolu. Je suis, Monsieur, votre, &c.

LETTRE XXV.

C’est la liberté, sa chere liberté sauvage, qui est le grand vœu & le grand cri de guerre de M. R. ; il s’entend en sophismes, c’est-à-dire, à les faire : mais il dit, & cela même en est un, que les politiques sont sur l’amour de la liberté les mêmes sophismes que les philosophes ont fait sur l’état de nature. Et voilà M. R. qui en sait plus que les philosophes & les politiques ; il pouvoit ajouter les théologiens, qui sont les