Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t15.djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

de son semblable.” Comme on profane l’image de Dieu ! Et l’adjutor similis ejus & le faciamus adjutorium simile sibi de l’Ecriture sainte ! Encore un singe & un loup ont-ils besoin de leurs semblables, ne fût-ce que pour se propager selon l’nature & de l’ordre exprès du Créateur, qui a dit expressément aux bêtes mêmes en les bénissant : Crescite & multiplicamini & replete, &c. Je suis, &c.

LETTRE X.

Voici comment M. R. explique l’état d’innocence, où j’ai dit qu’il constituoit les hommes naturels il les caractérise “ne pouvant être bons ni méchans, n’ayant ni vertus ni vices, n’ayant nulles relations morales, ni devoirs connus.” C’est une innocence négative : celle d’Adam étoit positive & méritoire. Il pouvoir être bon, ou méchant, il avoit des vertus il pouvoit contracter des vices, comme en effet il en contracta. Il avoit des relations morales, théologiques même avec Dieu, Eve & ses descendans il avoit des devoirs d’aimer Dieu sans doute & de l’adorer, & sur-tout de lui obéir en ne mangeant pas du fruit défendu, dont le précepte est clairement intimé d’abord à Adam tout seul, & ensuite à lui & à Eve.

L’éloquence humaine & de bel-esprit, à force de vouloir tout caractériser ne caractérise rien, parce qu’elle ne le fait que par une abondance d’expressions & de paroles recherchées, & le plus souvent antithétiques, qui se détruisent, elles-mêmes,