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RÉPLIQUE DE M. BORDE À la Réponse de M. Rousseau, ou second Discours sur avantages des Sciences & des Arts.*

[*Ce second Discours eût été mis immédiatement à la suite du premier, si l’on eût eu d’abord l’intention de l’imprimer. On n’y a été déterminé qu’après coup & en considérant que, quoique M. Rousseau n’y ait pas répondu sur le champ, il l’a cependant fait quelque tans après d’une maniere indirecte dans sa Préface de Narcisse.]

Je n’avois regardé le premier Discours de M. Rousseau, que comme un paradoxe ingénieux, & c’est sur ce ton que j’avois répondu. Sa derniere réponse nous a dévoilé un systême décidé, qui m’a engagé dans un examen plus réfléchi de cette grande question, de l’influence des sciences & des arts sur les mœurs. L’importance de la matiere, des détails plus approfondis, quelques vues nouvelles que je crois avoir découvertes, m’excuseront d’avoir traité un sujet déjà si rebattu : il s’agit ici tout à-la-sois de la vertu & du bonheur, les deux points principaux de notre être que ne doit-on pas entreprendre pour achever de dissiper les nuages qui obscurcissent encore la plus utile vérité ?

Je commence par examiner les effets de l’ignorance dans tous les tans : je fais voir qu’elle n’a jamais produit, ni dû produire cette pureté de mœurs si exagérée & si vantée, & dont on fait un argument si puissant contre les sciences : je lui