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Frederich.

Eh ! comment ne le seroient-ils pas sous un maître dont la bonté égale le courage. Si ses triomphes le sont craindre, ses vertus doivent-elles moins le faire admirer ? Conquérant redoutable, il semble à la tête de ses armées un pere tendre au milieu de sa famille ; & forcé de dompter l’orgueil de ses ennemis, il ne les soumet que pour augmenter le nombre de ses enfans.

Goternitz.

Oui, mais avec toute sa bravoure, non content de subjuguer les ennemis par la force, ce prince croit-il qu’il soit bien beau d’employer encore l’artifice & de séduire comme il fait, les cœurs des étrangers & de ses prisonniers de guerre ?

Macker.

Fi ! que cela est laid de débaucher ainsi les sujets d’autrui. Oh bien ! puisqu’il s’y prend comme cela, je suis d’avis qu’on punisse sévérement tous ceux des nôtres qui s’avisent d’en dire du bien.

Frederich.

Il faudra donc châtier tous vos guerriers qui tomberont dans ses fers ; & je prévois que ce ne sera pas une petite tâche.

Dorante.

Oh ! mon prince ! qu’il m’est doux d’entendre les louanges que ta vertu arrache de la bouche de tes ennemis ; voilà les seuls éloges dignes de toi.

Goternitz.

Non, le titre d’ennemis ne doit point nous empêcher de