Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t14.djvu/563

Cette page n’a pas encore été corrigée

que J. J. Rousseau lui avoit prodigué selon bien des gens avec un peu trop de précipitation mais depuis quand Rousseau a-t-il cru que dans ce siecle on trouvoit de vrais amis ? Son aveuglement ou plutôt sa maladie ne lui a pas permis de remarquer que M. Hume n’avoir été le sien, que comme le sont la plupart des hommes qui ne donnent leur amitié que pour des motifs qui sont bien opposés aux sentimens qui émanent des mouvemens du cœur. Pourquoi le Genevois va-t-il s’aviser d’aimer cet Anglois, comme on aimeroit sa maîtresse ? pourquoi en devient-il jaloux comme un Italien le seroit de la sienne ? Mais c’est assez réfléchir sur la conduite d’un homme qui, me semble, s’étoit trop singularisé, pour que le public ne s’apperçût pas de sa maladie. Il faut que je finisse cette réfutation, elle pourroit peut-être, à force de remontrer des rêveries & des frayeurs ridicules, me faire contracter la contagieuse maladie d’en enfanter moi-même à l’aspect d’une chauve-souris ou d’un moucheron. Ce que je puis dire, c’est qu’il me paroît que l’Editeur de l’Exposé succinct a tout-à-fait manqué de charité & de discernement ; de charité, en ce qu’il n’auroit pas dû accabler un homme infortuné par des calomnies outrageantes de discernement, parce qu’il auroit pu remarquer, comme je crois, que la conduite de J. J. Rousseau en Angleterre, & même sa lettre de quarante-huit pages, ne prouvoient que l’affoiblissement de son ame & de son esprit, & non pas sa méchanceté. Il auroit ce me semble pu pencher vers l’opinion des amis de M. Hume, & celui-ci déférer à leurs conseils, & ne pas s’abandonner à un ressentiment qui ne fait du tout point son éloge. Ses amis avoient raison de dire qu’il s’étoit trompé en