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Quoique M. Rousseau paroisse ici faire le sacrifice d’un intérêt considérable. Il veut dire de la pension dont il a été parlé : il faut observer cependant que l’argent n’est pas toujours le mobile des actions des hommes, sur qui la vanité a un empire bien plus puissant, & c’est le cas de ce prétendu Philosophe.

C’est par ce même trait de haine & de vengeance, que l’on s’apperçoit que M. Hume n’avoit pas été assez pénétrant pour découvrir la maladie de J. J. Rousseau ; mais est-il de la grandeur d’ame d’un cœur humain, de se servir de fleches empoisonnées ? En voici une décochée par le philosophe Anglois : un refus fait avec ostentation de la pension du Roi d’Angleterre, ostentation qu’il a souvent recherchée à l’égard des autres Princes, auroit pu être seule un motif suffisant pour déterminer sa conduite. Ah ! de grace, M. Hume, que pensera-t-on de la vôtre, en versant par torrens le fiel & le bitume sur celle de l’un de vos confreres en Littérature ? Qui, cette impérieuse ostentation seroit condamnable dans un homme de bon sens ; mais une ostentation de cette espece, accompagnée de toutes les circonstances qui l’ont précédée & suivie suffisoit pour faire connoître l’aliénation d’esprit de cet objet de la plus charitable compassion.

Que diriez-vous de celui qui vous reprocheroit de n’avoir pas la bouche au milieu du front ? Que diriez -vous, si vous entendiez un homme reprocher à l’un de ses anciens amis, dans le sort de l’accès d’une fievre chaude, qu’il a tort de s’abandonner aux transports qui l’agitent, & qui lui seroit un crime d’avoir voulu se jetter par la fenêtre & qui ensuite se