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menace, je suis prêt. Quoiqu’à plaindre, je le serai moins que vous ; & je vous laisse pour toute vengeance le tourment de respecter malgré vous l’infortuné que vous accablez. Un héros de coulisse n’en pourroit pas dire davantage à l’approche du glaive d’un tyran de théâtre. Est -ce-là le langage d’un homme que l’on ne persécute, si je peux me servir de cette expression, que pour le rendre plus heureux, & dont enfin on cherche à alléger les soins & les peines en lui offrant en le pressant vivement d’accepter une pension ?

Combien en est-il de pauvres Auteurs infortunés qui voudroient être exposés à pareille persécution ! Pour moi, je ne me serois pas tant tirer l’oreille, & ma résignation aux volontés de mes généreux protecteurs leur prouveroit bientôt que je ne suis pas J. J. Rousseau. Un éleve du Parnasse ne doit jamais rougir de recevoir des bienfaits mérités par des travaux qui coûtent des soins & des veilles, & presque toujours l’altération de la santé, excepté que la fortune d’ailleurs n’ait pourvu à ce qui convient à l’honnête homme pour être heureux, ou que des exploits lucratifs, ou des charges honorables ne leur tiennent lieu d’héritage. Ce qu’il y a de plus drôle dans ce démêlé, c’est que notre malade, en achevant une lettre de quarante pages, est surpris de la force qu’il a eu de l’écrire. Le public doit l’être bien davantage, lorsqu’il y trouve que ce pauvre incurable convient que si l’on mouroit de douleur, il en seroit mort à chaque ligne ; mais que doit-on penser quand il dit, que tout est également incompréhensible dans ce qui se passe ; que n’a-t-il ajouté, dans tout ce qu’il a écrit sur ce sujet ! Une conduite semblable à