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sont que des minuties auxquelles je ne veux pas dire un esprit stoïque, mais même un homme raisonnable, ne prête pas la moindre attention.

Si tous les hommes étoient obligés de compasser toute leur conduite & leurs actions d’après votre exemple, il ne s’en trouveroit pas un seul qui ne pût croire que l’autre voudroit le trahir, n’eût-il fait que d’éternuer en sa présence.

Vous savez ce que j’ai prononcé touchant la lettre que M. Walpole a publiée sous le nom du Roi de Prusse, je n’ai pas applaudi à ce procédé indigne d’un galant homme ; mais vous, en vous en plaignant, êtes -vous en droit de vous servir des expressions échappées de la boue des halles ?

Le terme de Jongleur soit dans la bouche ou sous la plume brillante de J. J. Rousseau, est un solécisme qui ne se pardonneroit pas à un écolier de sixieme. Le sage ne parle jamais, même de ses ennemis qu’avec décence, si ce n’est pour eux, ce doit être pour sa propre réputation.

C’est à M. le docteur Tronchin à qui s’adresse cette épithete, & celui qui la lui donne n’ignore pas que ce Médecin n’a jamais fait le métier de bateleur. Il est vrai que ses ordonnances presque toutes savonées,*

[*M. le Comte de Ch***. s’étant rendu à Geneve exprès pour y consulter ce médecin si renommé, ayant produit l’ordonnance qu’il venoit de recevoir, la communiqua à plusieurs personnes qui, layant confrontée avec la leur, y trouverent tous du savon ; ce qui fit dire à un plaisant que si sa blanchisseuse le savoit, elle intenteroit un procès à ce fameux Docteur.] & qu’il prodigue à toutes sortes d’infirmités quelconques, le font passer pour un charlatan, & non pas pour un jongleur qui court les places publiques pour y débiter de l’onguent & des emplâtres.