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des fraises ; mais j’interprétois mieux sa réponse, & je sais que, savant dans la connoissance des plantes, vous ne faisiez ce trajet que pour herboriser.

Je suis bien certain que ce n’est pas de la part de ces bonnes gens qui, dans ce pays-là sont bons & humains, que vous avez reçu des traitemens barbares.

Un ecclésiastique, M. le professeur de Montmollin, vous avoir donné de prime abord des marques de son estime & de sa bienveillance ; l’un & l’autre vous devinrent à charge, & par des traits peu convenables à un Philosophe, vous fîtes tous vos efforts pour vous aliéner son amitié. Il vouloit opérer votre conversion, tandis que vous vous entêtiez à vouloir en faire un prosélyte selon la confession de soi de J. J. Rousseau. Ce n’est pourtant pas chez lui que vous reçûtes des traitemens barbares. Avouez de bonne foi, que vos trop profondes rêveries vous éloignent quelquefois du sein de la raison. Ce n’est pas en se cabrant contre les opinions reçues que l’on peut se faire aimer dans un village. Un Londres, un Paris ou quelques autres grandes villes fourmillent de gens qui aiment la nouveauté ; c’est-là, ou les nouveaux systêmes peuvent trouver des partisans mais dans le cercle de deux ou trois hameaux les préjugés y sont trop profondément plantés pour les pouvoir déraciner avec de simples paroles.

Mais venons à l’époque où vous pourriez dire que vous reçûtes les atteintes d’un traitement barbare.

Vous aviez répété dans l’une de vos conversations, & d’après les Mahométans, que les femmes n’ont point d’ame ; sans doute que vous n’étiez pas de leur sentiment, sur-tout lorsque