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faire aucune réponse à M. Hume. Quelle petitesse ! pour ne pas dire quelle grossiéreté ! Un homme qui sait si bien écrire, doit-il ignorer que la preuve du plus grand mépris se manifeste par l’affectation du silence, & que même des ennemis déclarés, lorsqu’ils sont gens au-dessus de la lie du peuple, rougiroient de se traiter de cette maniere. Que fait J. J. Rousseau ? tout ce qu’un homme peut faire pour que l’on juge fort mal du fond de son caractere, & qu’on le soupçonne capable d’ingratitude & d’incivilité, il ne fait aucune réponse à son solliciteur, il se contente d’écrire au bienfaisant Général qui avoit été sollicité, une longue épître.... La franchise avec laquelle le Genevois prétend s’exprimer dans cette lettre, ne paroît pas être moulée sur celle ces Patriarches, je la trouve trop enveloppée de cette ambiguité à la mode, qui veut que l’on devine les pensées de ceux qui s’en servent.

Si je crois pénétrer dans l’esprit de Rousseau, voici, je pense, ce qu’il a voulu dire ou que j’aurois dit en pareille circonstance. Le préliminaire de sa lettre est un chef-d’œuvre, il s’en faut de beaucoup que le reste de l’épître lui ressemble. Je ne le répéterai pas ; je vais tâcher de tirer le reste au clair, en parlant comme Rousseau moins malade eût été capable de faire avec beaucoup plus d’éloquence que moi. Il auroit donc pu, en écrivant au Général, s’exprimer ainsi.

“Je me croyois préparé à tous les événemens possibles, & cependant je n’aurois pas prévu ce qui vient de m’arriver. C’est la publication d’une mauvaise plaisanterie qui ne me tient à cœur qu’autant qu’elle pourroit trouver un accès réel auprès des personnes distinguées qui me sont la