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The study of man is mankind. L’étude de l’homme, c’est l’homme.

Est-il un Ecrivain qui puisse mériter quelque applaudissement s’il n’a pas fait un cours de cette étude avec toute l’attention & les réflexions nécessaires ? On ne voit le plus souvent parmi nous qui ne sommes pas les sauvages de l’Amérique, que de l’orgueil, de l’ostentation & sur-tout des caprices, qui nous sont tourner du sud au nord, & tomber rapidement du blanc au noir. Quand M. Hume dit que ce n’est pas l’usage que les services que nous avons rendus fassent naître en nous de la mauvaise volonté, l’on reconnoît qu’il se livre avec plus de promptitude à ses idées qu’a ses réflexions. Il auroit mieux dit, en tournant la phrase, que beaucoup de gens, après avoir rendu quelques légers services, en rendent ensuite de fort mauvais à ceux qu’ils avoient obligés ou par humeur, ou par caprice, ou par orgueil. C’est assez l’usage en Angleterre de ne faire du bien & de ne rendre service que par ostentation, & pour jouir du plaisir stérile d’en être applaudi, & par qui ? par ceux qui ne se connoissent par en vertus solides.

Quand on examine de près les actions des hommes, & que l’on réfléchit sur le ton vers lequel la société est montée seulement depuis vingt ans, on s’apperçoit bientôt que toutes les démarches qu’on leur voit faire ne tendent qu’à se jouer, se tromper & se tympaniser les uns les autres ; mais particuliérement de ceux que la fortune a privés de ses saveurs ou de ceux à qui elle a tourné le dos. Ah ! si l’on pensoit que du bien-être à l’infortune, il n’y a qu’un pas à broncher, on traiteroit