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nécessaires au besoin de la vie, braver les outrages du sort & l’insolence des hommes, n’est qu’un insolent lui-même, qui devroit être conduit, non pas en Angleterre par un auteur accrédité, mais dans quelqu’Isle déserte par un Antropophage, & placé au milieu d’un bois épais qui lui déroberoit pour toujours la lumiere du soleil. Car s’il fixoit attentivement cet astre bienfaisant, il apprendroit, à force de réfléchir, que sans le secours de ses rayons, la terre ne produiroit que des rochers & des glaces perpétuelles, & que puisqu’il éclaire les hommes, qu’il les réchauffe & qu’il concourt à leur existence, il semble en même-tans les exhorter à se reconnoître, à se rapprocher & à se secourir réciproquement.

Or, quand M. Hume est convaincu qu’un, homme est tel que lui-même dépeint J. J. Rousseau, y a-t-il plus de folie que de raison à vouloir l’introduire d’abord dans la bonne société ? y a-t-il beaucoup de prudence à faire des démarches réitérées pour lui obtenir une pension ? y a-t-il de la sagesse à exposer un grand Monarque à un refus sur-tout de la part d’un insensé, qui croit faire dépendre sa gloire & son honneur du plaisir de mourir de faim & de braver les Rois ?

Puisque l’auteur Anglois vouloir avoir de l’indulgence pour cet illustre Genevois expatrié, il pouvoir, en étudiant de prime abord le fond de l’on caractere, le servir à sa guise, & ne pas le détourner, malgré lui, du chemin de Bedlham.*

[*Maison des fous Londres.]

J’ai toujours cru depuis la publication du discours de J. J Rousseau, qui remporta le prix de l’Académie de Dijon, que