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& concerté, par malice & de dessein prémédité, les moyen pour parvenir à cette fin ; les services qu’il lui a rendus nous obligent d’éloigner avec horreur un soupçon aussi injurieux. Mais aussi nous ne pouvons nous persuader que M. Rousseau surchargé du poids des obligations qu’il avoir à son ami, ait, de gaîté de cœur, inventé & artificieusement concerté & le dialogue qu’il rapporte dans sa lettre du 10 juillet 1766, (pag. 326.) comme M. Hume l’en accuse, note 11, & les autres motifs qui le porterent à cette rupture. S’il est vrai qu’un homme se peint dans tes ouvrages, ceux de M. Rousseau nous obligent de croire qu’il est aussi peu capable de cet artifice, que des sentimens qu’on lui impute. À qui des deux attribuerons - nous donc la faute de cet éclat ? Voici en peu de mots, selon nous, l’origine de tout ce mal-entendu.

M. Rousseau en bute depuis plusieurs années à des persécutions de tout genre, se sera enfin cru échappé aux dangers, se voyant prêt à passer en Angleterre avec un homme qui l’avoit prévenu par des témoignages de bienveillance & d’amitié. Arrivant à Paris il se sera jette entre les bras de M, Hume, avec toute la confiance d’un honnête homme qui ne craint pas de se montrer tel qu’il est, & avec toute la candeur d’un enfant ; il n’aura point eu de réserve pour son nouvel ami, dans l’espérance que cela seroit réciproque de la part de M. Hume. Cependant cette malheureuse lettre que les Gazettes avoient donnée, avec une espece de moquerie insultante, sous le nom du roi de Prusse, étant venue à paroître en Angleterre, & M. Rousseau bien assuré qu’elle avoit été supposée par un homme qui logeoit à Paris avec M. Hume, aura aisément cru celui-ci