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mais avec répugnance à cet éclat, jugeant combien l’envie de mes ennemis en seroit irritée. Ce fut un spectacle bien doux pour moi que l’augmentation sensible de bienveillance pour M. Hume, que la bonne œuvre qu’il alloit faire produisit dans tout Paris. Il devoit en être touché comme moi ; je ne fais s’ille fut de la même maniere."

"Nous partons avec un de mes amis qui, presqu’uniquement pour moi faisoit le voyage d’Angleterre. En débarquant à Douvres, transporté de toucher enfin cette terre de liberté & d’y être amené par cet homme illustre, je lui faute au cou, je l’embrasse étroitement sans rien dire, mais en couvrant son visage de baisers & de larmes qui parloient assez. Ce n’est pas la seule fois ni la plus remarquable où il ait pu voir en moi les saisissemens d’un cœur pénétré. Je ne sais ce qu’il fait de ces souvenirs, s’ils lui viennent ; j’ai dans l’esprit qu’il en doit quelquefois être importuné. "

"Nous sommes fêtés arrivant à Londres. On s’empresse dans tous les états à me marquer de la bienveillance & de l’estime. M. Hume me présente de bonne grace à tout le monde ; il étoit naturel de lui attribuer, comme je faisois, la meilleure partie de ce bon accueil : mon cœur étoit plein de lui, j’en parlois à tout le monde, j’en écrivois à tous mes amis ; mon attachement pour lui prenoit chaque jour de nouvelles forces ; le sien paroissoit pour moi des plus tendres, il m’en a quelquefois donné des marques dont je me suis senti très - touché. Celle de faire faire mon portrait en grand ne fut pourtant pas de ce nombre. Cette fantaisie me parut trop affichée, & j’y trouvai je ne sais quel air