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que je pourrois lui présenter de plus riant, & ce seroit déjà beaucoup de gagné que d’obtenir qu’il se plût dans l’endroit où il doit étudier. Alors pour le détacher insensiblement de ces badinages puériles, je me mettrois de moitié de tous ses amusemens, & je lui en procurerois des plus propres à lui plaire & à exciter sa curiosité, de petits jeux, des découpures, un peu de dessein, la musique, les instrumens, un prisme, un microscope, un verre ardent, & mille autres petites curiosités me fourniroient des sujets de le divertir & de l’attacher peu-à-peu à son appartement, au point de s’y plaire plus que par-tout ailleurs. D’un autre côté, on auroit soin de me l’envoyer dès qu’il seroit levé sans qu’aucun prétexte, pût l’en dispenser ; l’on ne permettroit point qu’il allât dandinant par la maison, ni qu’il se réfugiât près de vous aux heures de son travail, & afin de lui faire regarder l’étude comme d’une importance que rien ne pourroit balancer, on éviteroit de prendre ce tems pour le peigner, le friser, ou lui donner quelque autre soin nécessaire. Voici, par rapport à moi, comment je m’y prendrois pour l’amener insensiblement à l’étude de son propre mouvement. Aux heures où je voudrois l’occuper, je lui retrancherois toute espece d’amusement, & je lui proposerois le travail de cette heure-là ; s’il ne s’y livroit pas de bonne grâce, je ne ferois pas même semblant de m’en appercevoir, & je le laifferois seul & sans amusement se morfondre, jusqu’à ce que l’ennui d’être absolument sans rien faire l’eût ramené de lui-même à ce que j’exigeois de lui ; alors j’affecterois de répandre un enjouement une gaîté sur son travail qui lui fît sentir la différence qu’il