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caractere contre ceux qui n’en jugeoient pas aussi favorablement que lui.

Dans le tems même que M. Hume travailloit à rendre à M. Rousseau le service le plus essentiel, il reçut de lui la lettre la plus outrageante. Plus le coup étoit inattendu, plus il devoit être sensible. M. Hume écrivit cette aventure à quelques-uns de ses amis à Paris ; & il s’exprima dans ses lettres avec toute l’indignation que lui inspiroit un si étrange procédé. Il se crut dispensé d’avoir aucun ménagement pour un homme, qui après avoir reçu de lui les marques d’amitié les plus constantes & les moins équivoques, l’appelloit, sans motifs, faux, traître & le plus méchant des hommes.

Cependant le démêlé de ces deux hommes célèbres ne tarda pas à éclater. Les plaintes de M. Hume parvinrent bientôt à la connoissance du public, qui eut d’abord de la peine à croire que M. Rousseau fût coupable de l’excès d’ingratitude dont on l’accusoit. Les amis même de M. Hume craignirent que dans un premier moment de sensibilité, il ne se fût laissé emporter trop loin, & qu’il n’eût pris pour les défauts du cœur les délires de l’imagination, ou les travers de l’esprit. Il crut devoir éclaircir cette affaire en écrivant un précis de tout ce qui s’étoit passé entre lui & M. Rousseau, depuis leur liaison jusqu’à leur rupture. Il envoya cet écrit à ses amis : quelques-uns