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Au moment de fermer ma lettre, j’apprends, Mylord, des particularités qui vous seront juger de l’excès du désordre qui regne à Motiers. Par ordre exprès de M. le Châtelain qui a cru cette précaution indispensable, deux gardes bien armés, & choisis dans la communauté de Couvet, ont constamment passé la nuit dans la maison qu’occupoit M. Rousseau, jusques au déménagement complet de ses effets. On ajoute que ce Magistrat, chargé par le Gouvernement de faire les enquêtes les plus exactes pour découvrir les coupables, & se trouvant à cause de cela, menacé dans une pasquinade, des mêmes violences exercées contre M. Rousseau, s’est vu obligé pour sa sureté, d’avoir aussi des gardes chez lui pendant la nuit, & qu’enfin il a pris le sage parti de quitter Motiers, pour aller établir son domicile à Couvet. Sans doute que Messieurs du Conseil-d’Etat trouveront bientôt des moyens de faire rétablir la sureté publique, & de faire respecter le Souverain & l’autorité qu’il leur a confiée ; sans quoi rentrant dans l’état de nature, chacun de nous se verra forcé à pourvoir à sa défense, & à devenir son propre vengeur.

J’ai l’honneur d’être avec un parfait dévouement pour la vie,

MYLORD,

Votre très-humble & très obéissant serviteur,

DU PEYROU.

Neufchâtel le 19 Septembre 1765.

FIN.