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nous avons vu ce livre recherché, dévoré & faisant le sujet des entretiens ordinaires : on remarqua même, à cette occasion, que si quelques personnes s’échaufferent contre ce livre, ce furent précisément celles qui ne l’avoient pas lu : la même chose arriva lors de l’Emile.

Le langage que M. le Pasteur de Motiers prête à son correspondant anonyme, (pag. 183.) n’est-il pas traduit mot à mot du moine Bernard, prêchant la croisade. Comptez que l’anonyme est le petit homme, car quand il est en prison chez des moines, il leur fait aussi des sermons à douze sous piece, le tout pour se désennuyer.

Remarquez, je vous prie, que M. le Pasteur*

[*Page 184.] ne nie pas que la Classe fulmina contre Rousseau une sentence d’excommunication, il se contente seulement de dire, je ne sais où l’Auteur a puisé ce qu’il ose avancer : cette maniere de paroître nier une chose que l’on sait être véritable, sans cependant oser la nier expressément, se trouve dans les élémens de Loyola & dans des décisions d’Auteurs graves ; mais j’ignorois qu’elle convînt à un Pasteur, à un défenseur de la vérité. Il ajoute un moment après, que la Classe connaît les bornes de sa jurisdiction spirituelle. La jurisdiction spirituelle de la Classe ! Dieu nous soit en aide ! Il n’y a que le petit homme qui ait pu fabriquer une pareille jurisdiction, car M. le Pasteur de Motiers sait très-bien que la Classe n’a pas la plus petite jurisdiction, ni spirituelle, ni temporelle sur les citoyens. Qu’elle dispose de ses membres, qu’elle les dirige à son gré, peu nous importe ; ce