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Bien des gens croient que M. le Pasteur de Motiers n’est pas l’auteur de cet écrit dans lequel ils ne voient qu’une satire cruelle contre lui : d’autres bien instruits du petit tripot de Motiers, assurent que l’ouvrage est de lui mais limé, corrigé, augmenté par certain Bateleur, petit personnage assez mal famé. Je suis fort tenté de le croire & je gagerois que le petit homme est l’illustre auquel les dix lettres s’adressent. Il ne sera pas difficile de faire la séparation des métaux : soyez que toutes les vanteries, les éloges de soi-même, les expressions sougueuses, les gros mots sont l’ouvrage du Pasteur, que les fades plaisanteries sont du petit homme. Voilà le partage de l’ouvrage entier.

Cependant si nous en croyons M. le Pasteur,*

[*Réfutation, page 157.] il est obligé pour l’honneur de la religion, pour celui de la classe & pour le sien propre de prendre la plume : heureusement voilà son honneur en bonde compagnie : je me serai, dit-il plus bas, une regle d’écrire avec la plus grande modération, si conforme au glorieux caractere que je porte, & à mon caractere personnel : il vous a tenu parole avec toute la modestie de son double caractere : plus bas il ajoute, j’imiterai le divin Maître que je sers qui ne rendoit point outrage pour outrage ; ah ! mon ami, quelle copie !

C’est-là cependant, l’apôtre de la modération & de la vérité : vous savez que depuis ses tracasseries contre Rousseau, il n’a cessé de porter ses passions en chaire : le scandale en est général parmi les gens sensés : il cherche & réussit, dans la