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Etat,*

[*L’anonyme me dit dans sa note, pag. 141, & qui n’y existera jamais qu’au plus grand malheur de ses habitans. J’ajoute, bien plus grand seroit le malheur d’un pays, où il seroit permis à chacun de mettre au jour des livres qui ébranlent la soi !] rien n’est plus nouveau, plus irrégulier, plus attentatoire à la liberté civile, & sur-tout plus contraire à l’esprit de la religion, qu’une pareille procédure en pure matiere de foi."*

[*L’anonyme, qui assurément est bien inférieur à M. Rousseau, lui donne une leçon dans sa note, pag. 141 au sujet de la formule du Consensus, sur laquelle notre compagnie déclara vouloir garder un profond silence, pour n’exciter aucun trouble dans nos Eglises ; mais autre est la formule du Consensus, & autres sont les Lettres de la Montagne. Le disciple est moins modeste que le maître, qui dit humblement qu’il n’est ni Pasteur, ni Professeur. Pourquoi donc vouloir faire le docteur & donner des instructions d’autant plus dangereuses, qu’elles sont plus répandues ? S’il fût resté dans la classe de particulier, de simple fidele, comme il se qualifie lui-même dans cette lettre au consistoire de Motiers, il n’auroit pas écrit & fait imprimer ; il n’auroit pas attaqué les Gouvernemens, les Princes, les Magistrats, la Religion & Jésus-Christ même, dont il avoit fait un si bel éloge : Pour moi, je ne voudrois pas acquérir de la célébrité à ce prix-là : c’est ce qu’a dit plus d’une fois à Motiers un Magistrat qui paroissoit indigné des Lettres de la Montagne.]

"Car, Messieurs, je vous supplie de considérer, que vivant depuis long-tems dans le sein de l’église, & n’étant ni pasteur, ni professeur, ni chargé d’aucune partie de l’instruction publique, je ne dois être soumis, moi particulier, moi simple fidele, à aucune interrogation, ni inquisition sur la foi ; de telles inquisitions inouïes dans ce pays, sappant tous les fondemens de la réformation, & blessant à la fois la liberté évangélique, la charité chrétienne, l’autorité du Prince, & les droits des sujets, soit comme membres de l’église, soit comme citoyens de l’Etat. Je dois toujours compte de mes actions & de ma conduite aux loix, & aux hommes ; mais