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me dit, qu’il n’avoit pu persuader M. Rousseau, & que celui-ci avoit protesté, qu’il ne changeroit pas un mot à sa déclaration, & qu’il ne substitueroit point le mot de tâcher à celui de continuer. Tant pis, dis-je à M. le Lieutenant, cet entêtement m’afflige. Je pars ; dites à M. Rousseau qu’il est lui-même l’artisan des chagrins qu’il s’attirera, mais ce sont de ses affaires, puisqu’il ne veut pas écouter les conseils de ses amis. Je partis pour me rendre où mon devoir m’appelloit.

Je vous quitte, Monsieur, pour un moment. Vous connoissez mes sentimens. Agréez que je vous en renouvelle les assurances.

À Motiers-Travers ce 17 Juin 1765.

LETTRE V.

J’arrive à Neufchâtel, où je trouve une fermentation pareille à celle qui étoit dans ma paroisse & dans les voisines. Les Lettres de la Montagne, la réimpression des ouvrages connus & inconnus de M. Rousseau, les remontrances de notre compagnie, la proscription de ces ouvrages par le Magistrat municipal agitent tous les esprits. Vous le savez mieux que moi, Monsieur, vous qui n’avez jamais été accusé de fanatisme, mais qui aimez l’ordre & la religion. Chacun a les yeux ouverts, me disiez-vous, sur la conduite que tiendra