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à M. M * * *. Conseiller d’Etat & Procureur-Général, s’exprimoit Mylord Maréchal, cet illustre Breton, si bon juge du mérite, si vrai protecteur du mérite opprimé, si digne en un mot de la confiance & de l’amitié de celui des Rois qui se connaît le mieux en hommes. Confrontez la date de cette lettre avec la distance des lieux, & vous comprendrez qu’il falloit être bien avisé pour avoir de si loin informé la Cour de ce qui devoit se passer dans l’assemblée de notre clergé, fixée au 13 Mars.

Cependant il s’étoit répandu un bruit qui tous les jours recevoit de nouveaux accroissemens. Il existoit, disoit-on, un ouvrage de M. Rousseau, intitulé des Princes. Personne ne l’avoit vu ; mais on assuroit pourtant que les Gouvernemens Aristocratiques, & en particulier celui de Berne, y étoient sort maltraités. On poussa les soins officieux jusqu’à écrire de Berne même à M. le Professeur de F* * *. directeur de l’Imprimerie à Yverdun, de demander ce livre à M. Rousseau pour l’imprimer & le répandre, vû que ce seroit une très-bonne affaire. M. Rousseau sentit le but de ces soins officieux, & envoya à M. le Professeur de F * * *. la lettre suivante, le priant de imprimer, & de la répandre.

À Motiers le 14 Mars 1765.

"Je n’ai point fait, Monsieur, l’ouvrage intitulé, des Princes, je ne l’ai point vu, je doute même qu’il existe. Je comprends aisément de quelle fabrique vient cette invention, si comme beaucoup d’autres, & je trouve que mes ennemis se rendent bien justice, en m’attaquant avec des armes si