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LETTRE À M * * *.

Vous me demandez, Monsieur, des détails sur la nouvelle tracasserie que vient d’essuyer M. Rousseau, dans l’asyle qu’il s’étoit choisi. Cet écrivain, célebre par ses malheurs presqu’autant que par sa plume, intéresse vivement la sensibilité de votre cœur, & vous voulez que je n’omette rien, pas la plus petite circonstance. Ah ! Monsieur, c’est trop exiger de moi. J’ignore la plupart des moyens mis en œuvre par les ennemis de M. Rousseau ; j’ignore la plupart de leurs motifs, mais par ceux qui sont parvenus à ma connoissance, je ne me sens pas encouragé à la recherche des autres. J’affligerois votre cœur droit & bon, je flétrirois le mien, en cavant ces motifs & ces moyens. Laissons à la méchanceté le soin de ramasser ces horreurs, à la satire le plaisir cruel d’en offrir le tableau ; moi, je veux me borner à lier par un narré exact, & éclaircir par quelques notes, les différens écrits qui ont paru, & qui peuvent servir de pieces à ce procès.

Il faut d’abord vous rappeller, Monsieur, que dans les derniers mois de l’année précédente, quelques particuliers de ce pays ayant proposé à M. Rousseau, sous des conditions acceptées par lui, d’entreprendre une édition générale de ses ouvrages tant manuscrits que déjà publiés, en avoient, sur leur premiere requête, obtenu la permission du Gouvernement. Cette entreprise très-lucrative, tenta la cupidité & fit des