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Mais ce confident, & cet ami, il faut aussi un peu connoître & savoir comment & jusqu’à quel point on peut se fier à lui ; car souvent l’apparence nous trompe, même sur nous-mêmes ; or le tumulte des villes, & le fracas du grand monde ne sont gueres propres à cet examen. Les distractions des objets extérieurs y sont trop longues fréquentes ; on ne peut y jouir d’un peu de solitude & de tranquillité. Sauvons- nous à la campagne ; allons-y chercher un repos & un contentement que nous n’avons pu trouver au milieu des assemblées & des divertissemens ; essayons de ce nouveau genre de vie ; goûtons un peu de ces plaisirs paisibles, douceur dont Horace, fin connoisseur s’il en fut, faisoit un si grand cas. Voilà, Monsieur, comment je soupçonne que vous avez raisonné.

LETTRE IX.

MONSIEUR,

Daignerez-vous bien encore me recevoir en grace, après une aussi indigne négligence que la mienne ? J’en sens toute la turpitude, & je vous en demande pardon de tout cœur. À le bien prendre cependant, quand je vous offense par mes retards déplacés, je vous trouve encore le plus heureux des deux. Vous exercez à mon égard la plus douce de toutes les vertus de l’amitié, l’indulgence ; & vous goûtez le plaisir de remplir les devoirs d’un parfait ami, tandis que je n’ai que de