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de cinq pieds de haut dont le feuillage & le port sont admirables, & a qui ses grandes & belles fleurs bleues donnent un éclat qui la rendroit digne d’entrer dans votre jardin. J’aurois voulu pour tout au monde en avoir des graines, mais cela ne me fut pas possible, le seul pied que nous trouvâmes étant tout nouvellement en fleurs & vu la grandeur de la plante & qu’elle est extrêmement aqueuse, à peine en ai-je pu conserver quelque débris à demi pourri. Comme j’ai trouvé en route quelques autres plantes assez jolies, j’en ai ajoute séparément la note, pour ne pas la confondre avec ce que j’ai trouve sur la montagne. Quant a la désignation particuliere des lieux, il m’est impossible de vous la donner : car outre la difficulté de la faire intelligiblement, je ne m’en souviens pas moi-même, ma mauvaise vue & mon étourderie font que je ne sais presque jamais où je suis, je ne puis venir à bout de m’orienter, & je me perds à chaque instant quand je suis seul, si-tôt que je perds mon renseignement de vue.

Vous souvenez-vous, Monsieur, d’un petit Souchet que nous trouvâmes en assez grande abondance auprès de la grande Chartreuse & que je crus d’abord titre le Cyperus fuscus, Lin. Ce n’est point lui, & il n’en est fait aucune mention que je sache, ni dans le Species ni dans aucun Auteur de botanique, hors le seul Michelius dont voici la phrase, Cyperus radice repente, odorâ, locustis unciam longis & lineam latis. Tab. 31.f. 1. Si vous avez, Monsieur, quelque renseignement plus précis ou plus sûr dudit Souchet, je vous serois très-obligé de vouloir bien m’en faire part.

La botanique devient un tracas si embarrassant & si dispendieux