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chrétienne, le même Auteur y défere cependant de la maniere la plus positive, la plus solemnelle. Il faut, pour vous en convaincre, M. T. C. F., & en même tems pour vous édifier, mettre sous vos yeux cet endroit de son ouvrage : j’avoue que la majesté de l’Ecriture m’étonne ; la sainteté de l’Ecriture parle à mort à mon cœur. Voyez les livres des Philosophes, avec toute leur pompe ; qu’ils sont petits auprès de celui-là ? Se peut-il qu’un livré à la fois si sublime & si simple, soit l’ouvrage des hommes ? Se peut-il que celui dont il fait l’histoire, ne soit qu’un homme lui-même ? Est-ce là le ton d’un enthousiaste, ou d’un ambitieux sectaire ? Quelle douceur ! Quelle pureté dans ses mœurs ! Quelle grace touchante dans ses instructions ! Quelle élévation dans ses maximes ! Quelle profonde sagesse dans ses discours ! Quelle présence d’esprit, quelle finesse & quelle justesse dans ses réponses ! Quel empire sur ses passions ! Où est l’homme, où est le sage qui sait agir, souffrir & mourir sans foiblesse, & sans ostentation ?..... Oui, si la vie & la mort de Socrate sont d’un sage, la vie & la mort de Jésus sont d’une Dieu. Dirons-nous que l’histoire de l’Evangile est inventée à plaisir ?.....Ce n’est pas ainsi qu’on invente ; & es faits de Socrate dont personne ne doute, sont moins attestés que ceux de Jésus-Christ.... II seroit plus inconcevable que plusieurs hommes d’accord eussent fabriqué ce livré, qu’il ne l’est, qu’un seul en ait fourni le sujet. Jamais les Auteurs Juifs n’eussent trouvé ce ton, ni cette morale ; & l’Evangile a des caracteres de vérité si grands, si frappans, si parfaitement inimitables, que l’inventeur en seroit plus étonnant que le héros.