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cette première cause est connue. Periclès fit des changemens qui introduisirent le relâchement & le désordre. M. Rousseau connoit sans doute ce fait, & il ne laissé pas de dire : M. Gautier, feint d’ignorer ce qu’on ne peut pas supposer qu’il ignore en effet, & ce que tous les Historiens disent unanimement, que la dépravation des mœurs & du Gouvernement des Athéniens fut l’ouvrage des Orateurs. M. Rousseau me permettra de ne pas convenir de l’unanimité des Historiens sur le sujet dont il est question. J’avouerai qu’il y avoit des Orateurs qui flattoient le Peuple ; mais, comme Plutarque l’a remarqué, les Athéniens qui pendant la paix trouvoient du plaisir. à écouter leurs flatteries, ne suivoient dans les affaires sérieuses que les avis de ceux qui faisoient profession de dire la vérité sans aucun respect humain.

Platon, qui connoissoit parfaitement le Gouvernement & les mœurs des Athéniens, reconnoît que l’excès de leur liberté anéantit leur vertu, que cette liberté excessive avoit sa source dans la sureté où ils croyoient être depuis la victoire de Salamine. Il dit que la crainte étoit un frein nécessaire à leurs esprits.

Justin confirme la vérité de cette réflexion, en disant que leur courage ne survécut pas à Epaminondas. "Délivrés d’un rival qui tenoit leur émulation éveillée, ils tombèrent dans une indolence léthargique. Le fonds des armemens de terre se consume aussi-tôt en jeux & fête. La paye du Soldat & du Matelot se distribue au Citoyen oisif. La vie douce & délicieuse amollit les cœurs, &c."

En tout cela il n’est question d’Orateurs, On sait bien