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moins été réalisées en prose & envers ; avec cette différence, que nous aurions eu de moins tout ce que les philosophes, les poetes & les historiens ont fait pour nous plaire ou pour nous instruire.

Athenes fut enfin forcée de céder à la fortune de la Macédoine ; mais elle ne céda qu’avec l’univers. C’étoit un torrent rapide qui entraînoit tout : & c’est perdre le tems que de chercher des causes particulieres, où l’on voit une forcé supérieure si marquée.

Rome, maîtresse du monde, ne trouvoit plus d’ennemis ; il s’en forma dans son sein. Sa grandeur fit sa perte. Les loix d’une petite ville n’étoient pas faites pour gouverner le monde entier ; elles avoient pu suffire contre les factions des Manlius, des Cassius & des Gracques : elles succomberent sous les armées de Sylla, de César & d’Octave : Rome perdit sa liberté, mais elle conserva sa puissance. Opprimée par les soldats qu’elle payoit, elle étoit encore la terreur des nations. Ses tyrans étoient tour-à-tour déclarés peres de la Patrie & massacrés. Un monstre indigne du nom d’homme se faisoit proclamer Empereur ; & l’auguste Corps du Sénat n’avoir plus d’autres fonctions que celle de le mettre au rang des Dieux. Etranges alternatives d’esclavage & de tyrannie, mais telles qu’on les a vues dans tous les états où la milice disposoit du trône. Enfin de nombreuses irruptions des Barbares vinrent renverser & fouler aux pieds ce vieux colosse ébranlé de toutes parts ; & de ses débris se formerent tous les Empires qui ont subsisté depuis.

Ces sanglantes révolutions ont-elles donc quelque chose de