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demi siecle à établir la connoissance des effets physiques sur propriétés connues & évidentes de la matiere, sur leurs causes méchaniques ; comment se distinguer par du nouveau après l’établissement de principes aussi solides, aussi universels ? Ils faut dire qu’ils sont trop simples & absolument insuffisans ; que ces grands hommes étoient de bonnes gens, un peu timbrés, & aussi méchaniques que leurs principes ; & que notre siecle spirituel voit, ou au moins soupçonne dans la matiere des propriétés nouvelles qu’il faut toujours poser pour base de la Physique, en attendant qu’on les conçoive : propriétés qui ne dépendent ni de l’étendue, ni de l’impénétrabilité, ni de la figure, ni du mouvement, ni d’aucune autre vieille modification de la matiere ; propriétés, non pas occultes, mais cachées, qui élevent cette matiere à quelque chose d’un peu au-dessus de la matiere, qu’on n’ose dire tout haut, & qui, dans le vrai, abaissent le Physicien beaucoup au-dessous de cette qualité. Enfin, nos aïeux étoient gothiques, nos peres amis de la nature, nous sommes singuliers & baroques ; nous n’avions que ce parti à prendre pour ne ressembler à aucun des deux.

Mais la morale n’a aucune part à ce désordre ; on se fait un plaisir & un honneur de copier, d’imiter les vertus des grands hommes de tous les siecles ; plus il s’en sera écoulé, plus nous en aurons d’exemples, & tant que l’art de les inculquer, c’est-à-dire, tant que les Sciences & les Beaux-Arts seront en vigueur, les siecles les plus reculés seront toujours les plus vertueux.

  • Je suis bien éloigné de penser — & e défendre une si grande cause. L’Auteur se contredit étrangement. Il veut qu’on