Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t13.djvu/137

Cette page n’a pas encore été corrigée

où brillent toutes ces Sciences, tous ces Arts, est ce qui le rend florissant & redoutable.

Revenez donc sur l’importance — la substance de l’Etat. Il est naturel que nous en pensions encore moins mal que de ceux qui occupent leur loisir à décrier des lumieres & des talens auxquels la France a peut-être encore plus d’obligation qu’à ses armes.

Que dis-je, oisifs ? — Ô fureur de se distinguer ! que ne pouvez-vous point ? L’Auteur s’attache encore ici à l’abus que des sujets pervers sont d’une excellente chose. Mais s’il y a quelques-uns de ces malheureux, quelle foule d’ouvrages divins n’a-t-on pas à leur opposer, par lesquels on a renversé les idoles des Payens, démontré le vrai Dieu, & la pureté de la morale chrétienne, anéanti les sophismes des génies dépravés dont parle l’Orateur ? Peut-on citer sérieusement, contre l’utilité des Sciences, les extravagances de quelques écervelés qui en abusent ? Et faudra-t-il renoncer à bâtir des maisons, parce qu’il y a des gens assez sous pour se jetter par les fenêtres ?

C’est un grand mal — jamais ils ne vont sans lui. Le luxe & la Science ne vont point du tout ensemble. C’est toujours la partie ignorante d’un Etat qui affecte le luxe ; celui-ci est l’enfant des richesses, & son correctif est le savoir, la Philosophie, qui montre le néant de ces bagatelles.

Je sais que notre Philosophie, — les nôtres ne parlent que de commerce & d’argent. Le luxe est un abus des richesses que corrigent les Sciences & la raison ; mais il ne faut pas confondre cet abus, comme le fait l’Auteur, avec le commerce,