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des sciences, état pire que l’ignorance par le faux savoir ou le jargon scholastique qui étoit en regne.

Ils ajoutent que l’Auteur préfère la rusticité à la politesse, & qu’il fait main basse sur tous les Savans & les Artistes. Il auroit dû,disent -ils, encore marquer le point d’où il part pour désigner l’époque de la décadence, & en remontant à cette premiere époque, faire comparaison des mœurs de ce tems-là avec les nôtres. Sans cela nous ne voyons point jusqu’où il faudroit remonter, à moins que ce ne soit au tems, des Apôtres.

Ils disent de plus, par rapport au luxe, qu’en bonne politique on fait qu’il doit être interdit dans lis petits états, mais que le cas d’un Royaume tel que la France, par exemple, est tout différent. Les raisons en sont connues.

Enfin voici ce qu’on objecte. Quelle conclusion pratique peut on tirer de la These que l’Auteur soutient ? Quand on lui accorderoit tout ce qu’il avance sur le préjudice du trop grand nombre de Savans, & principalement de Poetes, Peintres & Musiciens, comme au contraire sur le trop petit nombre de Laboureurs. C’est, dis-je, ce qu’on lui accordera sans peine. Mais quel usage en tirera-t-on ? Comment remédier à ce désordre, tant du côté des Princes que de celui des particuliers ? Ceux-là peuvent-ils gêner la liberté de leurs sujets par rapport aux professions auxquelles ils se destinent ? Et quant au luxe, les loix somptuaires qu’ils peuvent faire n’y remédient jamais à fond ; l’Auteur n’ignore pas tout ce qu’il y auroit à dire là-dessus.

Mais ce qui touche de plus près la généralité des Lecteurs,