Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/645

Cette page n’a pas encore été corrigée

prés, pour m’inquiéter beaucoup de l’espace qui reste. Mais je n’entends rien à ce que vous me dites de ceux que vous avez essuyés : assurément je suis fait pour les plaindre ; mais que peuvent-ils avoir de commun avec les miens ? Ma situation est unique, elle est inouie depuis que le monde existe, & je ne puis présumer qu’il s’en retrouve jamais de pareille. Je ne comprends donc point quel rapport il peut y avoir dans nos destinées, & j’aime à croire que vous vous abusez sur ce point. Adieu, Monsieur, vivez heureux ; jouissez en paix de votre gloire, souvenez-vous quelquefois d’un homme qui vous honorer toujours.

LETTRE À M. L’A. M.

À Monquin par Bourgoin, le 9 Février 1770.

Pauvres aveugles que nous sommes !

Ciel ! démasque les imposteurs,

Et force leurs barbares cœurs

À s’ouvrir aux regards des hommes.

En vérité, Monsieur, votre lettre n’est point d’un jeune homme qui a besoin de conseil ; elle est d’un sage très-capable d’en donner. Je ne puis vous dire à quel point cette lettre m’a frappé. Si vous avez en effet l’étoffe qu’elle annonce, il est à desirer pour le bien de votre Eleve, que ses parens sentent le prix de l’homme qu’ils ont mis auprès de lui.

Je suis, & depuis si long-tems, si loin des idées sur les quelles vous me remettez, qu’elles me sont devenues absolument