Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/607

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE M. LE GÉNÉRAL CONWAY.

Wootton le 26 Mars 1767.

MONSIEUR,

Aussi touché que surpris de la saveur dont il plaît au Roi de m’honorer, je vous supplie d’être auprès de Sa Majesté l’organe de ma vive reconnoissance. Je n’avois droit à ses attentions que par mes malheurs, j’en ai maintenant aux égards du public par ses graces, & je dois espérer que l’exemple de sa bienveillance m’obtiendra celle de tous ses sujets. Je reçois, Monsieur, le bienfait du Roi comme l’arrhe d’une époque heureuse autant qu’honorable qui m’assure, sous la protection de Sa Majesté, des jours désormais paisibles. Puissé-je n’avoir à les remplir que des vœux les plus purs & les plus vifs pour la gloire de son regne & pour la prospérité de son auguste Maison !

Les actions nobles & généreuses portent toujours leur récompense avec elles. Il vous est aussi naturel, Monsieur, de vous féliciter d’en faire, qu’il est flatteur pour moi d’en être l’objet. Mais ne parlons point de mes talens, je vous supplie ; je sais me mettre à ma place, & je sens à l’impression que sont sur mon cœur vos bontés, qu’il est en moi quelque chose plus digne de votre estime que de médiocres talens, qui seroient moins connus s’ils m’avoient attiré moins de