Page:Rousseau - Collection complète des œuvres t12.djvu/533

Cette page n’a pas encore été corrigée

LETTRE À M. HUME.

Wootton le 22 Mars 1766.

Vous voyez déjà, mon cher Patron par la date de ma lettre, que je suis arrivé au lieu de ma destination. Mais vous ne pouvez voir tous les charmes que j’y trouve ; il faudroit connoître le lieu & lire dans mon cœur. Vous y devez lire au moins les sentimens qui vous regardent & que vous avez si bien mérités. Si je vis dans cet agréable asyle aussi heureux que je l’espere, une des douceurs de ma vie sera de penser que je vous les dois. Faire un homme heureux c’est mériter de l’être. Puissiez-vous trouver en vous-même le prix de tout ce que vous avez fait pour moi ! Seul, j’aurois pu trouver de l’hospitalité, peut-être ; mais je ne l’aurois jamais aussi bien goûtée qu’en la tenant de votre amitié. Conservez-la moi toujours, mon cher Patron, aimez-moi pour moi qui vous dois tant ; pour vous-même ; aimez-moi pour le bien que vous m’avez fait. Je sens tout le prix de votre sincere amitié ; je la desire ardemment ; j’y veux répondre par toute la mienne, & je sens dans mon cœur de quoi vous convaincre un jour qu’elle n’est pas non plus sans quelque prix. Comme, pour des raisons dont nous avons parlé, je ne veux rien recevoir par la poste, je vous prie, lorsque vous serez la bonne œuvre de m’écrire, de remettre votre lettre à M. Davenport. L’affaire