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au Temple, & qu’il desire que je l’aille occuper. Je ne pourrai gueres me dispenser d’accepter cet honneur ; mais malgré mon délogement, vos lettres sous la même adresse me parviendront également.

LETTRE AU MÊME.

Paris le 30 Décembre 1765.

Je reçois, mon bon ami, votre lettre du 23. Je suis très-fâché que vous n’ayez pas été voir M. de Voltaire. Avez-vous pu penser que cette démarche me seroit de la peine ? Que vous connoissez-mal mon cœur ! Eh, plût à Dieu qu’une heureuse réconciliation entre vous, opérée par les soins de cet homme illustre, me faisant oublier tous ses torts, me livrât sans mélange à mon admiration pour lui ! Dans les tems où il m’a le plus cruellement traité, j’ai toujours eu beaucoup moins d’aversion pour lui que d’amour pour mon pays. Quel que soit l’homme qui vous rendra la paix & la liberté, il me sera toujours cher & respectable. Si c’est Voltaire, il pourra du reste me faire tout le mal qu’il voudra ; mes vœux constans jusqu’à mon dernier soupir, seront pour son bonheur & pour sa gloire.

Laissez menacer les J..... ; tel fiert qui ne tue pas. Votre sort est presque entre les mains de M. de Voltaire ; s’il est pour vous, les J...... vous seront sort peu de mal. Je vous conseille & vous exhorte, après que vous l’aurez suffisamment sondé,