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ame généreuse est remplie ; je sens tout ce qu’une grace de cette espece peut vous coûter à demander ; mais quand vous aurez compris que, vu ma situation, cette grace en seroit en effet une très-grande pour moi, ces mêmes sentimens qui sont votre répugnance, me sont garants que vous saurez la surmonter. J’attends,pour prendre définitivement mon parti, qu’il vous plaise de m’honorer de quelque réponse.

Daignez, Monsieur, je vous supplie, agréer mes excuses & mon respect.

LETTRE AU MÊME.

Le 22 Octobre 1765.

Je puis, Monsieur, quitter samedi prochain l’Isle de St. Pierre, & je me conformerai en cela à l’ordre de LL. EE ; mais vu l’étendue de leurs Etats & ma triste situation, il m’est absolument impossible de sortir le même jour de l’enceinte de leur territoire. J’obéirai en tout ce qui me sera possible ; si LL. EE. me veulent punir de ne l’avoir pas fait, Elles peuvent disposer à leur gré de ma personne & de ma vie ; j’ai appris à m’attendre à tout de la part des hommes ; ils ne prendront pas mon ame au dépourvu.

Recevez, homme juste & généreux, les assurances de ma respectueuse reconnoissance, & d’un souvenir qui ne sortira jamais de mon cœur.