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Si malheureusement les vôtres tombent sur les principes de vos devoirs, je vous plains. Mais s’ils n’y tombent pas, de quoi vous mettez-vous en peine ? Vous avez une Religion qui dispense de tout examen ; suivez-la en simplicité de cœur. C’est le meilleur conseil que je puis vous donner, & je le prends autant que je peux pour moi-même.

Recevez, Madame, mes salutations & mon respect.

LETTRE À MYLORD MARÉCHAL.

25 Mars 1764.

Enfin, Mylord, j’ai reçu dans son tems par M. Rougemont, votre lettre du 2 Février, & c’est de toutes les réponses dont vous me parlez, la seule qui me soit parvenue, J’y vois par votre dégoût de l’Ecosse, par l’incertitude du choix de votre demeure, qu’une partie de nos châteaux en Espagne est déjà détruite, & je crains bien que le progrès de mon dépérissement, qui rend chaque jour mon déplacement plus difficile, n’acheve de renverser l’autre. Que le cœur de l’homme est inquiet ! Quand j’étois près de vous, je soupirois, pour y être plus à mon aise, après le séjour de l’Ecosse ; & maintenant je donnerois tout au monde pour vous voir encore ici Gouverneur de Neufchâtel. Mes vœux sont divers, mais leur objet est toujours le même. Revenez à Colombier, Mylord, cultiver votre jardin & faire du bien à des ingrats, même malgré eux ;