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port de mes respectueux sentimens. Si ma démarche a le malheur de ne pas agréer à LL. EE. je ne veux point abuser d’une protection qu’elles n’accorderoient qu’au malheureux, & dont l’homme ne leur paroîtroit pas digne, & je suis prêt à sortir de leurs Etats, même sans ordre ; mais si le défenseur de la cause de Dieu, des loix, de la vertu, trouve grace devant elles, alors, supposé que mon devoir ne m’appelle point à Geneve, je passerai le reste de mes jours dans la confiance d’un cœur droit & sans reproche, soumis aux justes loix du plus sage des Souverains.

LETTRE À M. M***.

Yverdun le 24 juin 1762.

Encore un mot cher M * * *, & nous ne nous écrirons plus qu’au besoin.

Ne cherchez point à parler de moi ; mais dans l’occassion dites à nos Magistrats que je les respecterai toujours, même injustes ; & à tous nos concitoyens, que je les aimerai toujours, même ingrats. Je sens dans mes malheurs que je n’ai point l’ame haineuse ; & c’est une consolation pour moi de me sentir bon, aussi dans l’adversité. Adieu, vertueux M * * *, si mon cœur est ainsi pour les autres, vous devez comprendre ce qu’il est pour vous.