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grand’chose. Si ceux qui m’accusent ont tort, c’est à ma conduite à me justifier ; toute autre apologie est inutile ou superflue. J’aurois dû vous répondre plutôt ; mais le triste état où je vis doit excuser ce retard. Dans le peu d’intervalle que mes maux me laissent, mes occupations ne sont pas de mon choix, & je vous avoue que quand elles en seroient, ce choix ne seroit pas d’écrire des lettres. Je ne réponds point à celles de complimens, & je ne répondrois pas non plus à la votre, si la question que vous m’y proposez ne me faisoit un devoir de vous en dire mon avis.

Je vous salue, Monsieur, de tout mon cœur.


LETTRE À M. USTERI, PROFESSEUR À ZURICH.

[Leonard Usteri 1741-1789]

Sur le CHAP. VIII. du dernier livre du Contrat Social.

Motiers 15 Juillet 1763.

Quelqu’excédé que je sois de disputes & d’objections ; & quelque répugnance que j’aye d’employer à ces petites guerres le précieux commerce de l’amitié, je continue à répondre à vos difficultés puisque vous l’exigez ainsi. Je vous dirai donc avec ma franchise ordinaire, que vous ne me paroissez pas avoir bien saisi l’état de la question. La grande société, la société humaine en général, est fondée sur l’humanité, sur la