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de la justice & au chemin de la vérité. Quoiqu’intérieurement aussi persuade que vous de l’innocence de J. J., je n’en suis pas régulièrement convaincu, puisque n’ayant pu l’instruire des choses qu’on lui impute, je n’ai pu ni le confondre par son silence ni l’absoudre par ses réponses. À cet égard je me tiens au jugement immédiat que j’ai porte sur l’homme sans prononcer sur les faits qui combattent ce jugement, puisqu’ils manquent du caractere qui peut seul les contenter ou les détruire à mes yeux. Je n’ai pas assez de confiance en mes propres lumieres pour croire qu’elles ne peuvent me tromper, & le resterois peut-être encore ici dans le doute, si le plus légitime & le plus, fort des préjugés ne venoit à l’appui de mes propres remarques, & ne me montroit le mensonge du cote qui se refuse à l’épreuve de la vérité. Loin de craindre une discussion contradictoire, J. J. n’a cesse de la rechercher, de provoquer à grands cris ses accusateurs, & de dire hautement ce qu’il avoit à dire. Eux au contraire ont toujours esquive, fait le plongeon, parle toujours entre eux à, voix base, lui cachant avec le plus grand soin leurs accusations leurs témoins leurs preuves, sur-tout leurs personnes, & fuyant avec le plus évident effroi toute espece de confrontation. Donc ils ont de fortes raisons pour la craindre, celles qu’ils allèguent pour cela étant ineptes au point d’être même outrageantes pour ceux qu’ils en veulent payer, & qui, je ne sais comment, ne laissent pas de s’en contenter : mais pour moi je ne m’en contenterai jamais, & des-la toutes, leurs preuves clandestines sont sans autorise sur moi. Vous voila dans le même cas où je suis, mais avec un moindre degré de certitude sur l’innocence de l’accuse,