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en rang aux Palatins par la constitution présente ; mais je ne vois pas quel inconvénient il y auroit à donner aux seuls Palatins l’acces immédiat au Trône. Cela feroit dans le même ordre un nouveau grade que les grands Castellans auroient encore à passer pour devenir Palatins, & par conséquent un moyen de plus pour tenir le Sénat dépendant du législateur. On a déjà vu que ces grands Castellans me paroissent superflus dans la constitution. Que néanmoins pour éviter tout grand changement on leur laisse leur place & leur rang au Sénat, je l’approuve. Mais dans la graduation que je propose rien n’oblige de les mettre au niveau des Palatins, & comme rien n’en empêche non plus on pourra sans inconvénient se décider pour le parti qu’on jugera le meilleur. Je suppose ici que ce parti préféré sera d’ouvrir aux seuls Palatins l’acces immédiat au Trône.

Aussi-tôt donc après la mort du Roi, c’est-à-dire dans le moindre intervalle qu’il sera possible & qui sera fixé par la loi, la Diete d’élection sera solemnellement convoquée ; les noms de tous les Palatins seront mis en concurrence & il en sera tiré trois au sort avec toutes les précautions possibles pour qu’aucune fraude n’altere cette opération. Ces trois noms seront à haute voix déclarés à l’assemblée, qui, dans la même séance & à la pluralité des voix choisira celui qu’elle préfere, & il sera proclamé Roi des le même jour.

On trouvera dans cette forme d’élection un grand inconvénient, je l’avoue ; c’est que la nation ne puisse choisir librement dans le nombre des Palatins celui qu’elle honore*

[*W. mss. "préfere"] & chérit davantage, & qu’elle juge le plus digne de la royauté.