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Tout cela fait on armeroit tous ces paysans devenus hommes libres & citoyens, on les enrégimenteroit, on les exerceroit, & l’on finiroit par avoir une milice vraiment excellente, plus que suffisante pour la défense de l’Etat.

On pourroit suivre une méthode semblable pour l’annoblissement d’un certain nombre de bourgeois, & même sans les annoblir leur destiner certains postes brillans qu’ils rempliroient seuls à l’exclusion des nobles, & cela à l’imitation des Vénitiens si jaloux de leur noblesse, qui néanmoins outre d’autres emplois subalternes, donnent toujours à un Citadin la seconde place de l’Etat, savoir celle de grand Chancelier, sans qu’aucun Patricien puisse jamais y prétendre. De cette maniere, ouvrant à la bourgeoisie la porte de la noblesse & des honneurs, on l’attacheroit d’affection à la patrie & au maintien de la constitution. On pourroit encore sans annoblir les individus, annoblir collectivement certaines villes, en préférant celles où fleuriroient davantage le commerce l’industrie & les arts, & où par conséquent l’administration municipale seroit la meilleure. Ces villes annoblies pourroient, à l’instar des villes impériales envoyer des Nonces à la Diete, & leur exemple ne manqueroit pas d’exciter dans toutes les autres un vif désir d’obtenir le même honneur.

Les comités censoriaux chargés de ce département de bienfaisance qui jamais à la honte des Rois & des peuples, n’a encore existé nulle part, seroient, quoique sans élection, composés de la maniere la plus propre à remplir leurs fonctions avec zele & intégrité, attendu que leurs membres aspirant aux places sénatoriales où menent leurs grades respectifs, porteroient