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LETTRES inédites! 4^9

promette pas les droits de la bourgeoisie ou le repos de l*État, et que j’aurais bien voulu ne pas vous voir exposé à cette cruelle alternative. Toutefois, je conviens qu’ayant sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, plus d’expé- rience et de lumière que moi, vous êtes mieux en état de juger de la convenance de vos démarches et de leiir utilité pour le bien public .

Pour moi qui, dans l’état cruel où je vis, ne pouvant ob- tenir de repos sur cette terre, soupire après une véritable patrie, je désire ardemment que vous trouviez dès cette vie ce précieux repos que je n’attends plus que dans l’autre et que vous passiez le reste de votre honorable carrière dans les bras de vos enfants, de vos amis et de vos compatriotes ; aimé des bons et respecté de tous comme vous méritez de l’être. Adieu, très-cher ami ; embrassez pour moi vos chers fils, qui me sont chers aussi et me le seront toujours comme au véritable ami de leur père.

XXXVI

À II. COIiSDET.

Strasbourg \ 10 novembre 1765.

Voici, cher Coindet, votre lettre de change, dont je vous remercie et que je vous renvoie parce que je n’en ai pas besoin. Je ne ferai pas usage non plus de la lettre de re- commandation, parce que, honoré dans cette ville des bontés et de la bienveillance de tout le monde, j’y reçois

  • On sait que lors de sa fuite de File de Saint-Pierre, Rousseau se rendit

à Strasbourg, où il fit un séjour de quelques semaines. Les lettres qu’il écrint de cette Tille sont assez rares. (Note de V Éditeur.)