Page:Rostand - Cyrano de Bergerac.djvu/42

Cette page a été validée par deux contributeurs.
Cyrano.

Pension paternelle, en un jour, tu vécus !

Le bret.

Pour vivre tout un mois, alors ?…

Cyrano.

Pour vivre tout un mois, alors ?…Rien ne me reste.

Le bret.

Jeter ce sac, quelle sottise !

Cyrano.

Jeter ce sac, quelle sottise !Mais quel geste !…

La distributrice, toussant derrière son petit comptoir.

Hum !…

(Cyrano et le Bret se retournent. Elle s’avance intimidée.)

Hum !…Monsieur… Vous savoir jeûner… le cœur me fend…

(Montrant le buffet.)

J’ai là tout ce qu’il faut…

(Avec élan.)

J’ai là tout ce qu’il faut…Prenez !

Cyrano, se découvrant.

J’ai là tout ce qu’il faut… Prenez !Ma chère enfant,
Encor que mon orgueil de Gascon m’interdise
D’accepter de vos doigts la moindre friandise,
J’ai trop peur qu’un refus ne vous soit un chagrin,
Et j’accepterais donc…

(Il va au buffet et choisit.)

Et j’accepterais donc…Oh ! peu de chose ! — Un grain
De ce raisin…

(Elle veut lui donner la grappe, il cueille un grain.)

de ce raisin…Un seul !… Ce verre d’eau…

(Elle veut y verser du vin, il l’arrête.)

de ce raisin… Un seul !… Ce verre d’eau…Limpide !
— Et la moitié d’un macaron !

(Il rend l’autre moitié.)

Le bret.

– Et la moitié d’un macaron !Mais c’est stupide !

La distributrice.

Oh ! quelque chose encor !