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THÉRÈSE.

Tombe, mil huit cent trente après mil huit cent onze !

LA COMTESSE.

Comme un cristal brisé par un écho de bronze !…

L’ARCHIDUCHESSE.

Comme un accord de harpe après des airs guerriers !…

THÉRÈSE.

Comme un lys qui sans bruit tombe sur des lauriers !

LE DOCTEUR, après s’être penché sur le prince.

Monseigneur est très mal. Il faut que l’on s’écarte !
(Les trois femmes s’éloignent du lit.)

THÉRÈSE.

Adieu, François !

L’ARCHIDUCHESSE.

Adieu, François !Adieu, Franz !

LA COMTESSE.

Adieu, François !Adieu, Franz !Adieu, Bonaparte !

MARIE-LOUISE, qui, près du lit, a reçu la tête du Duc sur son épaule.

Sur mon épaule, là, son front s’appesantit !

LA COMTESSE, s’agenouillant au bout de la chambre.

Roi de Rome !

L’ARCHIDUCHESSE, de même.

Roi de Rome !Duc de Reichstadt !

THÉRÈSE, de même.

Roi de Rome !Duc de Reichstadt !Pauvre petit !

LE DUC, délirant.

Les chevaux ! Les chevaux !

LE PRÉLAT, qui est entré depuis un moment avec des enfants de chœur portant des cierges allumés.

Les chevaux ! Les chevaux !Mettez-vous en prière !

LE DUC.

Les chevaux pour aller au-devant de mon père !

(De grosses larmes coulent sur ses joues.)
MARIE-LOUISE, au duc qui la repousse.

Mais je suis là, mon fils, pour essuyer vos pleurs !