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LE DUC, faisant un pas vers elle, avec douceur.

Vous n’êtes pas très raisonnable. — Sur un livre
Vous avez autrefois pleuré de me voir vivre
En Autrichien, — avec à mon habit des fleurs…
Maintenant, vous pleurez en voyant que j’en meurs.

(L’Archiduchesse et la Comtesse le mènent jusqu’à un fauteuil dans lequel il tombe.)

THÉRÈSE, qui s’est relevée, se rapproche, et d’une voix timide.

Le rendez-vous…

LE DUC.

Le rendez-vous…Eh bien ?

THÉRÈSE.

Le rendez-vous…Eh bien ?J’y étais.

LE DUC.

Le rendez-vous…Eh bien ?J’y étais.Vous ?… pauvre âme !

THÉRÈSE.

Oui…

LE DUC, mélancoliquement.

Oui…Pourquoi ?

THÉRÈSE.

Oui…Pourquoi ?Parce que je vous aime.

LE DUC, à la Comtesse.

Oui…Pourquoi ?Parce que je vous aime.Madame,
Vous me l’aviez caché qu’elle y était… Pourquoi ?

LA COMTESSE.

Parce que je vous aime.

LE DUC.

Parce que je vous aimeEt qui donc, près de moi,
Vous a, toutes les deux, fait venir ?
(La Comtesse et Thérèse lèvent les yeux vers l’Archiduchesse.)
Vous a, toutes les deux, fait venir ?Vous ?

L’ARCHIDUCHESSE.

Vous a, toutes les deux, fait venir ?Vous ?Moi-même.

LE DUC.

Pourquoi cette bonté ?

L’ARCHIDUCHESSE.

Pourquoi cette bonté ?Parce que je vous aime.