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Louise est au premier rang. Il y a des archiducs très âgés et des archiducs enfants ; et des adolescents qui sont blonds du même blond que le duc. Dans l’ombre de la porte ouverte, on voit briller des uniformes. Metternich, en grand costume, se met au dernier rang de la Famille impériale.)

LE GÉNÉRAL HARTMANN, voyant que tout le monde s’est immobilisé, reprend d’une voix basse et solennelle :

Lorsque, les yeux fermés et l’âme anéantie,
Le Duc se penchera pour recevoir l’hostie…

UNE PRINCESSE, aux enfants qu’on a fait mettre devant.

Chut !… Silence !…

LE GÉNÉRAL HARTMANN.

Chut !… Silence !…Pendant cette minute où rien
Ne peut faire tourner la tête d’un chrétien,
J’ouvrirai doucement la porte. Une seconde
Vos Altesses verront, de loin, la tête blonde.
Puis je refermerai sans bruit, d’un geste prompt…
Et le duc de Reichstadt relèvera le front
Sans se douter qu’il a, selon l’usage antique,
Devant toute la Cour reçu le viatique.

(À ce moment Prokesch entre à gauche, introduisant deux femmes la Comtesse Camerata et Thérèse.)

METTERNICH, aux nouveaux arrivants.

Silence…

PROKESCH, tout bas, à la Comtesse et à Thérèse.

Silence…On m’a permis de vous placer ici
Derrière la Famille Impériale. Ainsi
Vous pourrez, par-dessus ces têtes inclinées
De princes sur lesquels soufflent les Destinées,
D’enfants pâles auxquels on fait joindre les doigts,
Apercevoir le duc une dernière fois !

THÉRÈSE.

Merci, merci, Monsieur.

MARIE-LOUISE.

Merci, merci, Monsieur.Oh ! surtout que personne
Ne bouge quand la porte…

UNE PRINCESSE.

Ne bouge quand la porte…Ah ! la clochette sonne !…